De nouveau célibataire

Les CNC, couples non cohabitants

 

Les CNC, couples non cohabitants :

Simone de Beauvoir et Jean-Paul Sartre, Françoise Hardy et Jacques Dutronc ou Gérard Oury et sa compagne Michèle Morgan avaient adopté ce mode de vie. Combien sont-ils, comment le vivent-ils ?

Combien sont-ils ?

Quelques données Insee* : « Début 2011, en France métropolitaine, 32 millions de personnes majeures déclarent être en couple, 72 % d’entre elles sont mariées et partagent la même résidence que leur conjoint, de sexe différent. 7 millions sont en union libre et 1,4 million sont pacsées.

Parmi les adultes qui se déclarent en couple, 4 % indiquent par ailleurs que leur conjoint ne vit pas dans le logement. Plus de la moitié d’entre eux a moins de 30 ans. Entre 30 et 59 ans, une personne en couple sur dix ne réside pas avec son conjoint en l’absence d’enfant commun. La non-cohabitation concerne surtout des personnes en union libre.

200 000 personnes sont en couple avec une personne du même sexe, dont 16 % avec une personne ne vivant pas sous le même toit. Six sur dix sont des hommes. 43 % sont pacsées, cette proportion atteignant 55 % après 35 ans. Environ 10 % déclarent vivre au moins une partie du temps avec un enfant, généralement né avant l’union actuelle ; il s’agit avant tout de femmes.

La non-cohabitation à partir de 30 ans : surtout des couples n’ayant pas d’enfant commun

Avoir eu un enfant avec son conjoint est un élément central dans le fait de vivre ou non sous le même toit.
Parmi les personnes en couple âgées entre 30 ans et 59 ans, seulement 1 % des personnes ayant eu un enfant avec leur conjoint, et uniquement avec celui-ci, ne cohabitent pas avec leur conjoint. Même lorsqu’elles ont eu, en plus, des enfants d’autres unions, la part de non-cohabitants ne dépasse pas 2 %.

Les personnes en couple âgées de 30 à 59 ans qui n’ont pas eu d’enfant avec leur conjoint actuel sont depuis moins longtemps ensemble (8 ans en moyenne) que celles qui ont eu un enfant avec lui (19 ans). La moitié d’entre elles ont cependant eu des enfants d’une autre union, ou bien c’est le cas de leur conjoint. La part de non-cohabitants s’élève alors à 11 % et culmine à 14 % chez les 30-39 ans, pour qui les enfants sont les plus jeunes.

Les diplômés sont plus souvent non cohabitants

Parmi les 30-59 ans, 48 % des personnes en couple non cohabitant ont un diplôme universitaire, contre 32 % des personnes en couple cohabitant.»

60% des non cohabitants vivent une situation imposée alors que 40 % d’entre eux l’ont fait par choix !

Selon l'Ined : En constante augmentation, « 8 % de Français se disent « liés durablement à un partenaire non cohabitant », soit près de quatre millions d’individus. »

Dans une enquête cles.com "interroge Jean-Claude Kaufmann, que l’on décrit souvent comme le sociologue de l’intime, pour donner un peu d’âme à ces chiffres. Il a publié en 2008 une amusante enquête sur les agacements dans le couple. Il y répertoriait tous les petits reproches que les conjoints se font, de la chaussette qui traîne à la zappette de la télévision monopolisée, des ronflements nocturnes de l’un aux retards permanents de l’autre... J’y ai lu, à l’époque, la description des crispations qui justifient en partie mon allergie à la cohabitation. Mais comment tous ces couples arrivent-ils à partager un même lieu avec un conjoint qui les agace ? Pourquoi ne font-ils pas appartement séparé ?" 

« La plupart des gens ont besoin de la présence de l’autre, me répond le sociologue. Ils vont accepter les agacements du moment que l’autre est là. Mais cela n’empêche pas de questionner le désir d’être seul à deux. La non-cohabitation est révélatrice de la question centrale du couple aujourd’hui : comment vivre ensemble tout en restant soi-même ? Le plus dur dans un couple, c’est le partage du quotidien. Au cours de la vie commune, on s’unifie avec l’autre dans sa manière de concevoir le monde, mais on évolue très peu en ce qui concerne les petits automatismes, d’où les agacements. On essaye alors de séparer pour ne plus être gêné par l’autre. Lors de mon enquête sur les agacements, j’ai rencontré une femme qui ne supportait pas que son mari ne rebouche jamais le dentifrice. Elle avait décidé de faire tube séparé. Certains font lit séparé, d’autres chambre séparée, quelques-uns appartement séparé. Ce mode de vie est un idéal pour les personnes qui sont bien avec elles-mêmes, qui s’autosuffisent. » »

Une vie à deux, chacun chez soi: Pour durer, certains couples évitent la cohabitation :

« L'Ined distingue ceux qui ne vivent pas ensemble « parce qu’ils ne se sentent pas prêts » et ceux qui font ce choix « pour garder leur indépendance ». Ceux qui ne se sentent « pas prêts » se séparent en moyenne après trois ans… Mais ceux qui déclarent ne pas cohabiter pour « garder leur indépendance » restent ensemble en moyenne six ans et demi et une petite moitié des plus de 50 ans s’aiment depuis plus de dix ans. Pas mal pour des couples qui ont juste besoin de leur clé pour retourner chez eux. Surtout si l’on compare ces chiffres avec ceux de l’Insee sur les mariages : 44% se soldent par un divorce » ajoute cles.com

La lanouvellerepublique.fr complétait cette enquète :

Pour le sociologue Serge Chaumier (1), « cet amour fissionnel (par opposition à "fusionnel"), est caractérisé par la possibilité d'une vie séparée : le couple se ménage, même sur un mode mineur, le droit de ne plus être en couple ». Ce mode de vie en cohérence avec l'époque répond aux valeurs individualistes et à l'injonction sociale « sois libre et sois toi ». « Aujourd'hui, nul n'a envie de sacrifier son moi, son épanouissement personnel sur l'autel du couple », confirme Ghislaine Paris, médecin sexologue et psychosomaticienne (2).

« Vivre alternativement avec et sans l'autre semble garantir individualité et affirmation de soi. Un moyen de se réaliser, si essentiel, remarque la psychanalyste Sophie Cadalen (3) : « Une vie de couple se déroule d'autant mieux que chacun des conjoints a la possibilité d'avoir son propre espace psychique. Habiter des lieux différents peut justement permettre de mieux préserver celui-ci. » Le simple fait de se demander quand et chez qui ils vont se retrouver suffit à créer une dynamique érotique. L'intermittence permet aussi de se consacrer pleinement à l'autre. La relation est « dépolluée » des contraintes domestiques, matérielles ou familiales. La distance adoucit le « retour sur terre », passé la phase passionnelle des débuts.

« La non-cohabitation évite que la familiarité nuise à la relation amoureuse et sexuelle, ajoute Ghislaine Paris. L'absence de l'autre, le manque favorisent l'imaginaire, élément fondamental pour nourrir le désir. » Le chacun-chez-soi peut aussi permettre de vivre sans trop se sentir tiraillé entre son rôle de parent et sa vie d'amant. Distinguer le projet conjugal du projet familial revient à « cajoler un amour qui ne regarde que soi », explique la psychanalyste Sophie Cadalen. « On peut très bien avoir éprouvé une rupture, n'être blessé de rien et choisir ce mode de vie, précise-t-elle. Vivre ensemble ne s'impose peut-être pas, car il y a une phase de conquête, d'autonomie à vivre, avant de se réengager ensuite, mais d'une autre manière. Cette forme de conjugalité est alors une étape et non une fin en soi. »

Finalement, le piège de cette relation est « ne pas être dans la rencontre de l'autre et le dépassement de soi, tomber dans le travers de l'hyperindividualisme », pointe Ghislaine Paris.
Délicat pour les projets communs

Si certains couples échouent à s'aimer chacun chez soi, c'est souvent que le jeu était, inconsciemment ou non, faussé dès le départ : l'un des deux était moins partant que l'autre ou avait peur de s'engager, ou compensait l'échec d'une relation fusionnelle antérieure (4). »

Selon viesaineetzen.com : "L’éloignement peut aussi faire souffrir
Néanmoins, la non-cohabitation a son revers de médaille. Si la distance entre les deux habitations est grande, les trajets réguliers peuvent être épuisants. Le couple peut également être déçu lorsque les retrouvailles ne sont pas à la hauteur de ce qu’il avait imaginé. Et puis il y a le risque de s’éloigner.

"La non-cohabitation peut créer une distension des liens", commente Robert Neuburger. "Il n’est pas simple non plus de se retrouver soudainement sous le même toit, car on a pris certaines habitudes en vivant seul, et un ajustement est nécessaire lorsqu’on cohabite pour une nuit, un weekend... Un couple, c’est d’une part ressentir de l’amour pour son partenaire et d’autre part de l’amour pour la relation qui se construit, avec une dimension d’appartenance, ce que j’appelle la "maison couple". La non-cohabitation est donc un choix périlleux car le couple ne repose pas sur grand-chose et vit un présent à temps partiel. Dans ce mode de vie, il y a un manque de sécurité, on ne partage pas une vraie intimité (les finances, la maison, le quotidien…). Or, si on ne partage pas tout, si on n’investit pas, si on ne donne pas beaucoup de soi en prenant le risque de perdre énormément, comment gagner ?""


*Le couple dans tous ses états
Guillemette Buisson et Aude Lapinte, division Enquêtes et études démographiques, Insee

http://www.cles.com/enquetes/article/une-vie-deux-chacun-chez-soi

http://www.lanouvellerepublique.fr/France-Monde/Actualite/24-Heures/n/Contenus/Articles/2012/12/29/La-vie-de-couple-oui-mais-chacun-chez-soi

(1) « L'Amour fissionnel, le nouvel art d'aimer » (Fayard, 2004).

(2.) « Faire l'amour, pour éviter la guerre dans le couple » (Albin Michel, 2010).

(3) « Inventer son couple, préserver son désir au quotidien » (Eyrolles, 2006).

(4) Lire « Ni seul ni en couple. Les relations amoureuses non cohabitantes », Portraits de familles, collectif dirigé par Arnaud Régnier Loilier (Ined, 2010).

http://www.viesaineetzen.com/content/couples-non-cohabitants-deux-toits-pour-durer

Beaucoup de célibataires alternent avec la situation de CNC !



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